Tendances & marché 04/10/2023 4 mins de lecture

Livraison Express, la fin du quick-and-dirty
pour les entreprises ?

Par Quentin Dampierre, DGA du Groupe TopChrono

La livraison express a pris en quelques années une place discrète mais essentielle dans la vie des urbains pressés. Que ce soit pour savourer un repas à domicile, se procurer la dernière paire de baskets à la mode ou pour combler une urgence professionnelle, les livreurs sont les électrons invisibles de nos cités !

Les entreprises de livraison express, plates-formes e-commerce ou quick commerce ont proliférées, engagées dans une surenchère à la rapidité et converties au dogme de la livraison gratuite. Beaucoup d’acteurs B2B se sont rués sur ces nouvelles solutions pour s’ouvrir de nouveaux canaux de vente, fluidifier leur expérience client ou leurs opérations et surtout, profiter d’une opportunité de baisser leurs coûts. Plus de 1Md€ ont été levés par les leaders de ce secteur entre 2020 et 2022, promesse d’un avenir radieux … (ou non).

L’évidence d’une crise, le modèle de la livraison quick-and-dirty est défaillant

Que le réveil est rude ! Rares sont les semaines sans l’annonce de la défaillance d’un acteur de la livraison (Gorillas, Frichti, Getir, Flink ou plus récemment Stuart et Urby, filiales de La Poste, sans parler d’acteurs historiques attrapés dans ce maelstrom). On ne compte plus les milliers de travailleurs, la plupart non-salariés, laissés sur le carreau, ni les centaines d’entreprises – clients ou fournisseurs -, laissées sans solution de transport du jour au lendemain.

Derrière les faillites d’entreprises, il s’agit de la faillite d’un modèle : celui de la livraison quick-and-dirty, une mieux-disance de rapidité rendue possible par une moins-disance de responsabilité. Responsabilité sociale inexistante, avec un recours massif à l’auto-entrepreneuriat et à l’optimisation voire à la fraude des impôts et charges sociales. Responsabilité environnementale mensongère, quand on voit le vélo promis par nos applications devenir un bruyant scooter au pas de notre porte. Irresponsabilité économique enfin, lorsque l’on aperçoit les montants levés disparaître, et le dumping social rogner sur les prix, la rentabilité et la durabilité des professionnels.

Il faut tirer deux enseignements majeurs de cette déroute :

Qu’on le veuille ou non, l’urgent a un coût

La livraison urgente a un coût, qu’il soit financier, social, ou environnemental. Réduire les prix tire forcément sur les autres dimensions. La livraison n’est jamais gratuite ; tout au mieux est-elle offerte. Et si le client ne paie pas assez, c’est qu’il ne valorise pas suffisamment le service, et ce sont les entreprises de livraison elles-mêmes qui finissent par le payer de leur existence.

Le besoin de livraison rapide restera – il ne date pas d’hier comme en témoigne la longévité des coursiers ou livreurs historiques. Cependant, « l’ultra-vitesse » ne peut être considérée comme une panacée, surtout si elle se fait au détriment de la qualité des services et des conditions de travail des livreurs. Laisser aux clients le choix de se faire livrer sur créneau permet, par exemple, d’éviter les pièges de l’ultra-rapidité.

La livraison durable, la seule voie possible

Les entreprises continueront d’attendre un service premium, générateur de valeur, leur faisant gagner du temps et de l’argent, malgré le contexte d’inflation des coûts et de dégradation de la circulation. Ces défis seront relevés par des professionnels compétents, dans les bureaux comme sur la route, capables d’accompagner leurs clients dans leurs défis : transition écologique, adaptation aux ZFE, amélioration de leurs P&Ls et bilans carbone.

L’ensemble de l’industrie doit s’inspirer de cette philosophie. L’impératif pour les entreprises est de travailler avec des partenaires solides financièrement et dont les business modèles ne reposent pas sur des chimères. Investir dans nos travailleurs, leur formation, des véhicules écologiques, et des technologies pour optimiser les trajets est la clé. C’est ainsi que nous assurerons un avenir durable pour la livraison dernier kilomètre pour les entreprises, les consommateurs et la société.

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